World Championship 100km Qatar

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  • Le 24/11/2014

Comme à chaque fois que je pars pour une compétition j’ai du mal à quitter ma famille. Je suis maman et je me demande toujours « qu’est ce que je fais à les quitter pour faire du sport ? ». Ce qui m’aide c’est d’être certaine que Vincent est là pour prendre la maison en main et que papa gâteau comme il est ce sera Club Med pour tous.

Ici c’est du sérieux. Minima réalisés, sélectionnée pour les championnats du monde… Les marches sont gravies mais est ce bien moi ?

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Bruno nous emmène à l’aéroport, heureusement Marc s’occupe de tout. Je suis comme un zombie. Le rendez vous avec l’équipe belge est au Starbucks de Zaventem. Nous y recevons notre équipement. On check et c’est parti.

 

Dans l’avion on sent la nervosité des athlètes ; ils parlent fort, sans cesse (en néerlandais) et rigolent pour un rien. Je me demande encore ce que je fais là. Mon temps de référence est médiocre par rapport aux toutes grosses pointures, mais j’y suis c’est ce qui compte, mais face à eux…j’ai l’air de quoi ?

 

Nous arrivons au Qatar, un shuttel nous conduit à l’hôtel. Il fait lourd et humide.

The Torch Hotel nous y voilà.Img 1396

 My god c’est quoi cet hôtel ! Une tour géante et illuminée au top de l’architecture de la domotique et du service. « Au secours je veux renter chez moi. » Il me prend une envie soudaine d’aspirer, faire mes carreaux, un Colruyt…enfin tout sauf être ici. 10816083 10205573816968619 1456194236 n Un I Pad commande tout dans les chambres; lumières incrustées au plafond et dans les murs (12 choix de couleurs ) ! 10814154 10205573815328578 1016953681 n  Prise de repères à l’hôtel-souper et dodo.

 

Le lendemain on fait la reconnaissance du parcours de 5km avec toute l’équipe. 10807850 10205573817928643 1102190710 nCertains y ont couru le 50km 3 semaines auparavant alors nous sommes bien guidés. Il y a 27 degrés. Un stade en construction mais 12 terrains de foot pour au cas où… un autre en salle, une piscine du même acabit, un parc pour promener, 10km de tartan pour s’échauffer enfin bref ….

Tout est nickel et les Qataris sont excessivement gentils. Je trouve les hommes très sexy dans leur tunique blanche immaculée et au volant de leur Range Roover blanche.

 

Les repas se prennent dans un restaurant luxueux avec pianiste et tout et tout. Les athlètes grouillent de partout. Des corps magnifiques, des jeunes sûrs d’eux, des délégations habillées aux couleurs de leur pays décorent chaque table. « Mais qu’est ce que je fais ici ? ». Pour notre part on nous a PRETE 1 t-shirt (pour 4 jours au Qatar), un training et de quoi courir. Mon t-shirt m’arrive au genou quant au short il est encore aujourd’hui imprimé dans ma peau !! L’ambiance entre nous est très bonne mais j’ai quand même envie de me cacher sous la carpette, ce que je ne sais pas faire, elles sont au plafond.10811495 646056668840180 1893865765 n

 

La cérémonie d’ouverture est bon enfant et un repas pasta party de luxe s’en suit. On rentre et dodo si possible. Je dors bien c’est déjà ça de pris. Capture d e cran 2014 11 24 a 07 18 52 Suit une période d’attente jusque 18H. Ce n’est pas facile à gérer au point de vue alimentaire et nerveux. Au repas de midi on apprend des autres coureurs qu’ils ont été prévenu trop tard que pour un podium il fallait s’inscrire dans un autre listing. Les athlètes sont amères surtout que l’un d’entre nous court un 100km en7H09. D’autres pouvaient également avoir des prétentions. 10811675 646557808790066 626035911 n

Sur le moment  je m’en fou sauf que dans quelques heures ça va me faire péter un plomb. Dans l’après midi Marc prépare le ravito et toute l’intendance. Il y a 6 coureurs et 3 accompagnateurs plus André entraineur fédéral. Les athlètes se rejoignent et les accompagnateurs s’organisent sur la table belge mise à disposition. Je suis toujours en train de me demander ce que je fais ici.

Je connais aussi les souffrances d’un 100 km et je n’en veux plus mais je suis ici entraînée et c’est pour moi un jour important; je suis aux championnats du monde. Même avec mon temps j’y suis. Je me motive en me disant que c’est un jour unique et que je vais en profiter. Mes enfants sont dans mon cœur et surtout tous les messages de soutien qu’ils m’ont envoyés. Je n’ai rien à perdre mon temps de référence en F50 est le 4 ième et bien loin des autres.

 

L’attente n’est plus longue. C’est vite parti. Je suis les ordres de Marc. Je trotte.

11.3 km/h c’est trop vite et je suis déjà quasi la dernière. Pas facile de se gérer quand on est en toute fin de peloton. 5km, je vais encore trop vite. Puis je me calme je prends mes repères et mon rythme. Très vite je sens mes jambes.

Mais que ce passe t’il ? On court essentiellement sur de petits pavés de pierre et du marbre. Je peux vous dire que le rendu dans les chaussures est éprouvant. Je saurai par la suite qu’une concurrente a changé 4 fois de chaussure sans jamais trouver la bonne. Le km 42 bien connu des marathoniens n’est pas passé que j’ai des lancements dans les cuisses. J’en ai encore 60 à courir. A ce moment tout bascule. Marc veut me nourrir mais déjà plus rien ne passe. Je me fais dépasser par une multitude de coureurs pétaradants. Ca y est moi aussi je commence à sentir les intestins qui travaillent. Après 4h de course on entend les claquements des portes DIXI tout au long du parcours. Et de un et de deux et de trois, tout le monde sur le pot ! Je n’échappe pas à l’urgence par deux fois. Après 4H30 de course ce n’est plus les intestins mais les estomacs. Nausées à gogo pour tous.

L’on voit des supers athlètes courbés en deux. L’une à 4 pattes, l’autre vomi en courant, ici une qui se tient le ventre là un qui ne peut plus s’alimenter. L’équipe belge en fait aussi les frais. Les flèches masculines ralentissent ensuite je les vois marcher. Dès le 8ième tour après chaque ravito direction le pied du palmier. Ce palmier me verra dorénavant vomir à chaque tour soit 6 fois. Les compétiteurs tombent comme des mouches. Mieke l’espoir féminin belge ne peut plus avancer et fini par abandonner. Ce mix de chaleur et de sol trop dur achèvera la plupart.

Les derniers tours se passent dans une odeur pestilentielle de vomi giclé sur un sol chaud. Il fallait tenir le coup et je l’ai fait. Au 16ième passage Marc m’annonce que je suis à 5 min de la troisième. J’en ai encore un peu de côté et je décide de mettre la gomme. Je repasse devant Marc… je suis à 3 min, je tiens et lors de l’aller retour je ne la voit plus. C’est bon je suis bien devant. Je termine 3ième F50 et très heureuse.

Je suis épuisée par 100 km mais surtout pas CE 100km ! 

Le lendemain tous les compétiteurs se repassent cette course d’enfer. Très peu ont su dormir tant le corps a donné. je suis épuisée. 10579397 10205560612158507 527830823 n

Je me sens un peu moins hors concours tiens ! Bobonne à fait un 3ième temps mondial…Yèèèèèh.

 

 

Encore une fois je remercie Marc pour m’avoir concocté une préparation efficace. Le coach m’avait programmé une sortie de nuit de 12 tours de 5km dans un zoning industriel lugubre afin de préparer les tours de 5km ainsi que courir la nuit. Nous avons également passé 6 jours en Espagne à courir aux heures les plus chaudes.

 

Merci pour votre suivi, vos mots et vos encouragements.

Les 5 derniers tours c’est vous tous qui m’avez portée jusqu’au bout.

MERCI