Les effets de l’altitude sur la performance sportive

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  • Le 08/08/2014

Après le JO de Mexico les effets de l’altitude sur la performance sportive intéressa beaucoup de monde. De là est née l’idée des stages d’altitude. Ce fut une ruée vers l’or. L’espoir était que l’altitude allait élever le taux d’hématocrite et soumettre l’organisme à un stress bénéfique

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Tofol Castanyer

Les résultats furent très vite controversés. Ceci s’explique d’une part par le fait que pour augmenter le nombre de globule rouge, et pas seulement le taux d’hématocrite, il faut de nombreuses semaines, deux trois semaines ne suffisent pas. D’autre part, rares sont ceux qui savent qu’en altitude il faut diminuer la charge de travail mais augmenter le temps d’exercice.

Une étude scientifique ( Billat et Gazeau 2003) a récemment montré que le temps limite augmente en même temps que diminue la puissance maximale anaérobie. Il y a donc risque de tomber dans le surentraînement. Finalement presque tous s’accordent à dire que les stages d’altitude classiques n’ont pas été à la hauteur des espérances.

Sources : http://www.smtec.net/altitude-sport  Images 1

Votre coach : Il y aura toujours « à boire et à manger » sur toutes les études concernant les effets physiologiques sur l’altitude…  Des études récentes ont tout de même démontrés les effets physiologiques bénéfiques du travail et de la vie courante en altitude.

  • En 1990 N Terrados ( Terrados 1990) émet l’hypothèse que l’hypoxie à l’exercice est un double stimuli pour les enzymes oxydatives et la myoglobine, plus efficace que la simple addition des deux effets. Une expérience originale faisant travailler dans un premier temps une jambe en hypoxie et dans un deuxième temps l’autre en normoxie ouvre la voie à une nouvelle approche. D’autres études suivront (N Terrados 1992, Desplanche et Hoppeler 1993, Dufour 2006) qui montreront une augmentation nette de la performance et des paramètres physiologiques, VO2max augmentée, temps limite amélioré, sans modification des paramètres sanguins.

 

La biologie moléculaire permet aujourd’hui de mieux cerner ces mécanismes (Ponsot 2006). et en particulier le rôle majeur des hypoxiainductible factor 1 HIF-1. (Zoll 2006). On sait que les HIF-1 sont rapidement dégradés en normoxie, mais que par contre l’hypoxie les protèges ce qui leurs permet de déployer tout leurs effets : Augmentation de la myoglobine intramusculaire, des vascular endothelial growth factor VEGF, des enzymes glycolytiques comme la phosphofructokinase PFK, augmentation également de la vascularisation capillaire, de la densité mitochondriale. (Hoppeler H, Vogt M 2001.)

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Il a été clairement démontré que l’exercice lié à l’hypoxie avait des effets que ni l’hypoxie seule, ni l’exercice seul ne pouvait atteindre. C’est l’association des deux facteurs, altitude plus effort physique, qui donne ces résultats très intéressant ( H. Hoppler 2001)

 

C’est ce fondement scientifique qui explique la supériorité de l’hypoxie active sur toutes les autres formes d’utilisation de l’hypoxie en termes d’augmentation de performance.

 

On peut dire que lorsque l’organisme est soumis au double stresse de l’exercice et de l’hypoxie il va mettre en place des mécanismes compensatoires pour augmenter la disponibilité de l’oxygène aux muscles en particulier. Ces mécanismes compensatoires continuent à déployer leurs effets au retour en plaine, d’où l’augmentation de la disponibilité de l’oxygène et l’amélioration de la performance. Ces mécanismes demeurent efficaces au moins trois semaines après l’arrêt de l’entraînement, mais ne sont plus vraiment perceptibles après trois mois.

Sources : http://www.smtec.net/altitude-sport 

Votre coach : Pour ma part, bien que cela soit intéressant pour la performance chronométrique en demi-fond et fond, pour les traileurs qui désirent se lancer  en hautes montagnes, il est tout aussi intéressant d’y passer une période avant la compétition. Ne fusse que pour s’habituer physiquement et surtout psychologiquement aux effets ressentis lorsque vous dépassez les 2000m, que la respiration devient difficile, que les jambes ne répondent plus, qu’il devient tout simplement impossible de repartir même sur le plat ou une descente…

La montagne se respecte… Plusieurs traileurs en ont pris pour leur compte en arrivant la fleur au bout des bâtons et ont du s’arrêter avant d’atteindre l’arrivée.

C2a9iancorless comimg 3218canazei2014S’il est impossible pour vous de partir préventivement en haute montagne, il est toujours possible de sensibiliser le traileur aux effets musculaires qu’il rencontrera en haute altitude. Sensibiliser ne veut pas dire habituer les muscles… Si le mouvement mécanique musculaire est emmagasiné dans notre cerveau ce sera déjà un point de gagné, il restera toujours néanmoins les effets physiologique du à l’hypoxie…  

Petite histoire d’un traileur que j’entraîne : Un bel exemple de respect de la montagne et de lui-même, il y a deux ans ce traileur prend le départ de la CCC (petite distance de l’UTMB) au premier pointage km8 il se trouve aux alentours de la 1400ème place sur +/-1800. Vers la mi-course km50, ce traileur est +/- 800ème, il ne va pas plus vite, ce sont les autres qui sont partis trop vite et payent leurs efforts du début de course… Il terminera sa course s’offrant même « le luxe » d’accompagner, aider, encourager  et attendre une traileuse japonaise en pleure qui n’en pouvait plus et qui voulait s’arrêter à 10km de l’arrivée. Pourtant il ne restait que de la descente… Les descentes souvent négligées aux entraînements de préparation spécifique. Et c’est ensemble qu’ils termineront aux environs de la 550ème place.

Victoria Wilkinson

Autre histoire : L’année dernière à la TDS (sur les Traces du Duc de Savoie), un autre traileur ancien escaladeur en montagne et donc connaissant la haute montagne avait négligé quelques entraînements spécifiques notamment les descentes…  avant la moitié de course, vers le 50ème km à Bourg St Maurice, après 10km de descente, impossible pour lui de repartir. Abandon !

Moralité de ces deux histoires : Même si connaissez la montagne, ne cessez jamais de la respecter… Soyez patient, vous avez des difficultés à grimper, prenez votre temps…. (Un commentaire reçu dernièrement d’un traileur lors de nos entretiens : j’avais dure à grimper que je devais m’arrêter plusieurs fois… C’était assez décevant pour moi… Après questionnement de notre coach mentale : Mais je dépassais pas mal de coureurs !!!). Le traileur respectant la montagne et se respectant arrivera au bout, l’autre sera vite rappelé à l’ordre !