Les 24 heures de Nivelles

Elle sont trois concurentes sur papier pouvant prétendre à la victoire. Mélanie Strass venant d'Allemagne, Vincianne Lerate pour qui c'est une première aussi et Valérie Turlot Championne de Belgique des 100km en 2012. Le départ est donné à 14h05.

Valérie part un rien trop vite, mais sans danger. Suivie de Mélanie et Vincianne. Après une heure de course le classement est le suivant dans le même tour Mélanie, Valérie et Vincianne. Toutes continuent sur leur train-train. Dès la première demi heure le shéma alimentaire est respecté afin d'éviter au maximum les failles gastriques. Les premières heures de course ressemblent à une promenade où tous les coureurs tournent, tournent et tournent encore sur le circuit sinueux et rapide d'après certains. L'objectif pour Valérie était d'atteindre la barre mytique des 200km... La pression était à son comble, une saison mitigée jusqu'à présent, une blessure la stoppant au Championnat de Belgique des 100km à Torhout en juin, un 100km aux Etangs de Sologne ou l'ambition des 9h29' n'a pas été atteind pour d'autres raisons physiologiques et le nombre de participants. (au 45ème km plus personne ni devant ni derrière...) Alors tout l'objectif de la saison reposait sur une seule course... Et quelle course. les heures passent 3ème Vincianne prend la tête de course avec un tour d'avance sur ses deux adversaires. Il faut avouer que la pression est grande entre les deux athlètes du CABW... 4ème heure : Toujours Vincianne en tête suivie de Valérie dans le même tour. Mélanie (RP 222km) ne semble pas au mieux de sa forme...

Très vite on s'apercevra qu'elle ne jouera plus la victoire. Mais il reste encore 20 heures de course, c'est long, très très long... Il est 20h00, il fait noir, mais l'éclairage du stade, l'éclairage public de la rue et celui mis en supplément par la commune offre aux circadiens une vue excellente de la route.

Toujours Vincianne en tête, les consignes données à Valérie : fait ta course sans regarder la sienne... Pas facile pour l'athlète qu'est Valérie, mais elle se soumet à mes consignes. Mieux encore je l'oblige à marcher plus longtemps que prévu lorsqu'elle s'alimente en solide. Toutes les heures trente, Valérie prennait du solide, Grany, Sultana, Cake maison une fois sur deux, l'autre repas solide, pâtes, riz, purée, soupe de vermicelles à 6h du terme... Toutes les 1/2h une boisson, en alternance, salée et sucrée... De l'eau en mangeant.

22h00 : Valérie passe en tête, le rythme est toujours le même pour elle...

Minuit, le passage à dimanche, Vincianne repasse en tête, pas de panique pour Valérie, je la rassure. Il y a encore 14h00 de course, les entraînements ont tous été réfléchi, entraînements avec marches alimentaires, entraînements de nuit, tôt le matin, tard le soir. Valérie à suivi son programme à la lettre... Il fallait la motiver en périodes de doute et la freiner en périodes de confiance... Ce shéma là a également été répété pendant la course...

Mi-course, 2h00 du matin, Valérie est repassée en tête, 800m d'avance sur Vincianne, ce n'est rien et nous sommes encore loin de l'arrivée, l'envie de dormir se fait ressentir, il faut lui rappeler les épreuves semblables subies lors des 100km de nuit à Torhout en 2012... Ca s'appelle l'expérience ! C'est un échange de position de 2h00 à 4h30 du matin... Première grosse faille pour Vincianne, il lui est impossible de continuer, elle doit s'assoir. Valérie quant à elle continue encore et encore, maintenant elle marche lors de ses ravitos liquides également.

Valérie prends 3 tours d'avance, il faut conserver cette avance, mais le plus dur reste à venir, Je le sais, Valérie le sais, ce qui la mets une nouvelle fois en phase de doute... Les 8 dernières heures vont être terribles... En souffrance, en dépassement de soi, en émotion...

6h00 du matin : Valérie compte maintenant 4 tours d'avance, plus exactement 4,8km d'avance sur Vincianne... Rien n'est encore gagné et Vincianne ne s'est pas encore avouée vaincue... Tout peux encore arriver ! Vers les 6h30, c'est l'arrêt net pour Vincainne !!! Elle est aller au bout de ses forces... Hé oui, nous ne sommes pas tous égaux devant l'effort, il ne faut pas confondre puissance et capacité... La pression de l'eau déversée par le robinet et la vitesse à laquelle elle s'évacue de l'évier... Rectification : Vincianne : mes rotateurs de hanches avaient flanché et la douleur trop intense m’a fait passer par tous les états, mais Valérie a ses problèmes également, nausée... le thé chaud bu 10' avant ressort, il faut donc se resoudre à autre chose, ce sera la pipette de café et de l'eau.

Au levé du jour, Valérie compte 13 tours d'avance et malgré qu'il ne reste "que" 6h de course il faut rester vigilent sur les réactions et les remarques de Valérie. Parfois un petit coup de gueule et ça repart, elle s'en remet totalement à ce que je lui dis, cela s'appelle une confiance aveugle entre l'athlète et l'entraîneur... Elle continue encore et encore sur son petit train-train habituel, les spectateurs, les accompagnateurs des coureurs et les coureurs eux-même sont en admiration devant l'exploit qu'elle est en train d'accomplir. Même Pat Leysen vainqueur de l'épreuve me faisait la remarque sur sa vitesse encore après 18h00 de course. C'est lui qui "devait" s'accrocher pour la suivre... Mais j'ai vite demandé à Valérie de ralentir, pour arriver au bout. Valérie était à ce moment là en train d'écrire une page dans le monde de l'ultra belge... Des sms s'en vont vers les responsables belges de la section ultra de la ligue (Jan Vandendriessche et André Migneau) Ils viennent de la mer pour voir l'organisation et les prestations des coureurs...

9h00 : Valérie compte 17 tours d'avance, Vincianne est repartie avec quasi 19km de retard. A 5h00 de l'arrivée ce semble peu probable d'encore acquérir la victoire, mais une telle déffaillance pourrait arriver à Valérie, d'autant plus qu'aux alentours de cette heure là, elle est à bout de force, elle doit s'assoir quelques minutes, je la masse au niveau des quadriceps, elle repart en marchant

Maintenant qu'elle est repartie, je n'ai plus de doute à ce qu'elle termine le 24h00 et je n'ai plus de doute à atteindre les 200km... Je lui mets tout cela en tête... re doutes, "re disputes", mais je la connais, de plus tout le gratin du monde de l'ultra l'encourage et lui annonce qu'elle va y arriver. Elle reprends confiance, elle marche 2 à 300m tous les 3 tours, 21, 18, 15, 12, 9, là je lui dis tu cours 4 tours, changement de singlet pour repartir celui de notre club, le CABW. Elle ne tient plus droite, il faut la soutenir, elle repart. 2 tours, un peu de marche et là elle savoure les 2 tours restant pour atteindre les 200km. C'est chose faite à 25' du terme du double tours d'horloge... Elle est ovationnée par tout le publique !!!! Elle passe le point de contrôle, s'arrête un peu plus loin, je la rejoins et nous terminons un tour en marchant, elle doit se coucher, tombe presque inconsciente. Valérie se relève et continue à marcher, elle est félicitée par tous les coureurs, par les accompagnateurs, le publique, les bénévoles.

Quasi au même moment, Pat Leysen franchit le barre des 220km. Ils se félicite l'un, l'autre

Pour avoir été à côté d'elle durant ces 24h00, je l'ai vu passer par tous les états, elle a su surmonter toutes ses douleurs physiques et psychologiques, elle a accompli un exploit hors du commun et je ne suis pas le seul à l'affirmer ! Elle est pour la 2ème fois CHAMPIONNE DE BELGIQUE dans sa carrière athlétique.

Bravo Valérie

D'autres commentaires, notamment le récit de Valérie elle même et ensuite le récit de l'organisation en elle même.

Deux équipes étaient aussi alignées, la Mosselenploeg (Céline Leroi, Bruno Grossmann et Gaëlle Gillot (manque Dominique Vandergheynst qui prend la photo)) et de Tchantchès à Jean-Jean de Nivelles (Sophie Debelle, Stéphane (dit Jacques) Rozenblat, Pascal Petit et Gisèle D'Herde).

Les 8 concurrents se sont battus sans relâche en début de course les Tchantchès prennent la tête en début de course. Après 3 heures les Mosselen passent devant... S'en suis une lutte sans merci durant 13h00... L'un passant en tête et puis l'autre... Si les Mosselen ont un peu pris le large de la 13ème à la 21ème heure, les Tchanchès ont remonté leur retard, ils ne sont plus qu'à un tour de retard. malheusement les deux dernières heures ont été de trop pour les Tchanchès, ils fléchissent quelques peux et les mosselen tentent de tenir le rythme. Au final : 250,810km pour les Mosselen et 246,400km pour les Tchanchès.    

Voici le reportage TVCom : http://www.tvcom.be/index.php/info/sports/11715-nivelles-24-heures-running

Encore des photos des équipe prochainement