La bigorexie

  • Par
  • Le 14/08/2015

Professeur à l’UCL, Philippe Godin s’intéresse à la psychologie du sport dans la société. Son travail le conduit à côtoyer des addicts du sport.Phil godin

À quel moment une personne addict vient-elle en consultation?

C’est souvent pour des raisons de santé. L’addict a tellement poussé son effort qu’il arrive à une destruction physique presque irréversible. S’il persévère, il devra porter une prothèse totale de la hanche ou du genou. Dans ce cas de figure, il sera obligé d’arrêter s’il veut simplement pouvoir continuer de marcher.

Tout s’écroule alors autour d’eux. Socialement, affectivement et professionnellement. Ces personnes sont devenues tellement dépendantes qu’elles préfèrent couler plutôt que d’arrêter. Parce qu’elles n’ont plus rien d’autre.

Les motivations des addicts sont-elles bien ciblées?

 

C’est souvent pour des raisons de santé. L’addict a tellement poussé son effort qu’il arrive à une destruction physique presque irréversible. S’il persévère, il devra porter une prothèse totale de la hanche ou du genou. Dans ce cas de figure, il sera obligé d’arrêter s’il veut simplement pouvoir continuer de marcher.

Tout s’écroule alors autour d’eux. Socialement, affectivement et professionnellement. Ces personnes sont devenues tellement dépendantes qu’elles préfèrent couler plutôt que d’arrêter. Parce qu’elles n’ont plus rien d’autre.

Les motivations des addicts sont-elles bien ciblées?

Très souvent leur argument est de relever un défi, de voir leur capacité physique. Le problème, c’est que ce défi n’a jamais de fin. C’est une fuite en avant. Mon rôle en tant que psychologue du sport est de raisonner l’addict. Une fois, ce défi atteint qu’allez-vous faire? Si le patient me répond qu’il souhaite accomplir d’autres défis alors il est dans un principe d’escalade de l’effort physique. Il faut lui faire comprendre qu’il n’est pas juste un passionné de course, mais un sportif dépendant dont les objectifs sont irréalistes par rapport aux conséquences.

Lorsque vous dites à un accro du sport que son projet est irréaliste, quelle est sa réaction?

8 sur 10 n’entendent pas. Ils continuent d’aller droit dans le mur. La thérapie est alors impossible.

Pour les bigorexiques qui acceptent de se soigner quel est le processus?

Il faut fixer des limites. Le sport ne doit plus déterminer l’agenda socio-professionnel de la personne, mais apparaître sur le temps libre.

L’arrêt complet de l’activité sportive est-il envisagé?

Non. Il ne s’agit pas de transformer un bigorexique en sédentaire. Le problème avec l’activité sportive, c’est qu’une fois qu’on a commencé on ne sait plus s’arrêter. Toute notre morphologie s’est habituée à être en mouvement et notre cerveau est irrigué d’une certaine manière. S’il y a arrêt brutal de l’activité sportive tout le métabolisme psychologique, physique va basculer. La personne peut tomber en dépression. Pour se soigner, il faut réduire l’effort physique et changer de comportement face à l’activité sportive en elle-même.

 

- L'Avenir